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 [Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines

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Ralas

Ralas


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Date d'inscription : 18/08/2011

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MessageSujet: [Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines   [Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines Icon_minitimeVen 11 Mai - 18:51

Citation :
L'hygiène au Moyen Âge

Hygiène
Le mot hygiène vient du nom de la déesse grecque Hygie, qui était la déesse de la santé et de la propreté.

Les bains
Le Moyen Âge n'a pas à avoir mauvaise réputation à propos de l'hygiène, il est l'héritier de l'époque Romaine. Se baigner, se laver est une habitude, les bains, les latrines et même le tout-à-l'égout sont connus.

Au XIe siècle
Les bains se répandirent peu à peu, influencés par les Croisés revenus avec les souvenirs des luxueux établissements de bains en Orient. Et aussi suivant les conseils de médecin réputés, comme Avicenne(1) le dit dans "Canon de la médecine"

[Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines 256433250pxQanunAvicennaNLM1
Figure I - Première page d'une copie en arabe de "Quanûn" (Canon de la médecine)

Au XIIe siècle
L'eau fait partie du plaisir de vivre. Nous en avons la preuve avec les traités de médecine, les herbiers, les romans profanes, les fabliaux, les inventaires après décès, les comptes royaux et princiers. On se lave pour être propre mais aussi par plaisir. La simplicité un peu rude des mœurs fait que l'on ne voit pas malice à se mettre nu et qu'on s'accommode très bien d'une liberté des sens. On prend les bains en commun, et nus. Ne dit-on pas que Saint-François d'Assise (1180-1226) prêcha nu devant ses fidèles, en signe de dépouillement.

Au XIIIe siècle
Propreté des enfants
Le bébé est lavé plusieurs fois par jour. Les cuviers sont ronds ou ovales aux dimensions de l'enfant et le plus souvent en bois.

[Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines 379177Bainbb
Figure II - Fresque de Manabuoi, Padoue, baptistère

Un texte de l'époque dit : "quand l'enfant ara assez dormi, ci le doit-on laver trois fois par jour". Dans les milieux princiers, ils peuvent être métalliques et surmonter d'un dais en toile pour protéger l'enfant des courants d'air. La mère ou la servante tâte l'eau pour contrôler sa température. L'eau doit être "douce et de moyenne chaleur". Le bain est donné devant un grand feu dans la cheminée puis, l'enfant est enveloppé dans un grand tissu épais.
Barthélemy l'Anglais(2), auteur du "Livre des propriétés des choses" dit : "On le baigne et oint pour nourrir la chair nettement".
Pour les adultes, les bains sont intégrés à la vie quotidienne. Dans les villes, chaque quartier possède ses bains, appelés "étuves", ils ont pignon sur rue. Pour la plupart des gens il est plus facile d'y aller que de prendre un bain chaud chez soi. Dès la levée du jour des crieurs passent dans les rues et avertissent que les bains sont prêts : "Seigneurs, venez vous baigner et étuver sans plus attendre... Les bains sont chauds, c'est sans mentir ".
E 1292 il y avait 27 étuves à Paris inscrites sur le livre de la Taille. Mais elles existaient bien avant puisqu'en 1268, Saint-Louis essaya de réglementer le métier. Les bains existent depuis l'antiquité romaine, mais ils ont été remis à la mode par les Croisés qui revenaient d'Orient et avaient pris goût à la relaxation du bain.
On se contente de s'immerger dans l'eau chaude mais à la fin du siècle apparaissent les bains de vapeur.
Pour les étuves sèches on chauffe le lieu clos par l'extérieur en envoyant un courant d'air chaud.
Pour les étuves humides c'est en faisant pénétrer dans un même lieu clos, de la vapeur d'eau.
En 1258, Étienne Boileau, prévôt de Paris sous Saint-Louis et l'auteur du "Livre des métiers"(3), qui codifie les usages corporatifs. Il fait la différence entre les étuves dites sèches ou humides.
Les prix des étuves sont fixés par le prévôt et sont différents pour chaque type d'étuves. C'est à l'étuvier d'entretenir son étuve. Dans leur statuts il est écrit que : "les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont".
Ils ne doivent pas accueillir les malades, principalement les lépreux, ni les prostituées.
Je cite : "Que nul du dit mestier ne soutienge en leurs maisons ou leurs étuves, bordiaus(4) de jour et de nuit". Ce qui prouve que les lieux commençaient à attirer les débauchés.
Au début tout le monde vient pour se laver et se relaxer, personne n'ignore que les médecins répètent que cette pratique aide à conserver une bonne santé.

Dans son traité de médecine, Aldébrandin(5), écrit : "Li baigners en eau douce fait en étuve et en cuve, et en eau froide, fait la santé garder."
Si l'eau est froide il ne faut pas y rester longtemps, juste le temps nécessaire pour stimuler et renforcer la chaleur du corps. Mais pour nettoyer correctement seul le bain chaud peut "expulser l'ordure que la nature cache par les pertuis de la chair".
Barthélemy l'Anglais(6), lui aussi, conseille de se laver souvent la peau, les cheveux et la bouche.
Les gens surtout en ville, prennent soins de leur corps. De plus les produits pour la toilette ne manquent pas.
"Au sommet de Sapo, colline romaine, les prêtres sacrifiaient des animaux en les faisant brûler. Les restes de ces sacrifices composaient d'un mélange de graisses animales et de cendres, étaient versés à la rivière où les lavandières travaillaient : elles avaient remarqué que l'eau moussante de cette rivière facilitait leur travail…" C'est la naissance du premier savon !
En ce XIIe siècle le savon existe, il est fait d'un mélange d'huile ou de graisse animale et de cendre. À Paris, un décret de fabrication rend obligatoire l'apposition d'un sceau sur le savon. Pour les plus pauvres, il utilisent la saponaire(7).
Beaucoup plus tard, on entendra parler du "savon de Marseille". Fait avec de l'huile d'olive à laquelle on ajoute de la soude et au XIVe siècle, Crescas Davin, est le premier maître savonnier de Marseille. Son savon contient au moins 72 % d'huile d'olive.

Les citadins et les châtelains qui ne vont pas aux étuves prennent des bains, chez eux, dans les mêmes grandes cuves de bois qui servent aussi à faire la lessive. On en recouvre le fond d'un linge épais, afin d'éviter les échardes et comme souvent toute la maisonnée passait dans le cuvier, le linge avait aussi l'avantage de retenir les poils et la crasse. On le changeait pour le nouveau baigneur, il n'y avait pas économie de linge mais d'eau.

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Les villageois et les pauvres se baignent nus à la rivière, ou font leur toilette avec un seau d'eau chaude.

On parle aussi de "prendre les eaux"
"Les eaux" sont un lieu de cure thermale mais aussi de rencontres.


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Figure III - Thermes de Pouzzoles (Italie)

Sur cette gravure, on voit sur la gauche, la cabine de déshabillage, sur la droite, la piscine collective, les hommes et femmes prennent le bain ensemble.



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Figure IV - Miniature tirée du "De Balneis Puteolanis" de Pietro d'Eboli (Rome Bibliothèque Angelica)

On trouve des thermes dans les pays avoisinants (Italie, Allemagne etc.) mais aussi en France où les stations thermales sont très fréquentées. En particulier celle de Bourbon(8).
Dans "Flamenca"(9), roman d'amour courtois, on parle des bains de Bourbon aux vertus bienfaisantes. Mais c'est surtout l'histoire de la femme, du mari jaloux et de l'amant. Le comte Archambaut avait, par jalousie, enfermé depuis deux ans, sa femme dans une tour. La pauvre Flamenca n'avait que le droit d'aller aux offices religieux. Mais Guillaume amoureux fou de sa belle, fit percer un tunnel entre sa chambre et les bains. Flamenca eut l'idée de feindre la maladie pour avoir la possibilité d'aller aux bains. Archambaut la croyant gravement malade la conduisait et l'y enfermait le temps nécessaire à la thérapie. Guillaume venait la chercher et, c'est dans la chambre, qu'ils passaient le temps du bain… En conclusion, les bains guérissent peut-être les corps mais ils guérissent, aussi, les cœurs…

Au XIVe siècle
Je cite : "À Paris, nous savons, par l'ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de deux deniers, celui du bain d'eau tiède de quatre deniers ; mais s'estuver et se baigner coûte huit deniers. Si deux personnes vont ensemble au bain, elles paieront douze deniers pour "s'estuver" et se baigner, donc moins cher. Le bain de vapeur est économique parce qu'il ne nécessite que quelques pierres placées et un seau d'eau. A cela, il faut ajouter un denier pour un drap. A titre comparatif, une grosse miche de pain se vend un denier"
Au cours de ce siècle on parle encore du bain des enfants, dans les Chroniques de Froissart(10), en 1382, il est écrit que, en pillant le mobilier du comte de Flandres, on trouva une "cuvelette où on l'avait d'enfance baigné, qui était d'or et d'argent".

Au XVe siècle
Les étuves publiques sont à leur apogée qui va durer jusqu'au XVe siècle.
Pour les adultes, les bains sont intégrés à la vie quotidienne. Dans les villes, chaque quartier possède ses étuves avec pignon sur rue. Pour la plupart des gens il est plus facile d'y aller que de prendre un bain chaud chez soi. Dès la levée du jour des crieurs passent dans les rues et avertissent que les bains sont prêts : "Seigneurs, venez vous baigner et étuver sans plus attendre... Les bains sont chauds, c'est sans mentir ".

Si à l'origine, les bains sont uniquement hygiéniques, avec l'agrandissement des villes les étuves deviennent aussi plus grandes, plus importantes. Les villes attirent des étrangers et même des vagabonds et la prostitution se développe. Les bains sont mis sous la surveillance des chirurgiens-barbiers mais il est difficile de faire respecter la loi et les bains deviennent des lieux "galants" où on se baigne, mange et même l'endroit où on trouve des lits…


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Figure V - Etuves publiques - manuscrit de Valerius Maximus

Des couples après avoir festoyé autour d'une table installée sur des cuviers remplis d'eau, se dirigent vers des chambres. On aperçoit dans l'embrassure de la porte deux chirurgiens-barbiers qui font semblant de surveiller…
La prostitution, malgré les nombreux édits qui l'interdisent sera l'une des causes de la disparition progressive des étuves.


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Figure VI - Sergius Oarata dans son bain - Valerius Maximus - XVe siècle - BnF Paris

Miniature extraite de "Faits et Dits Mémorables"
Cette scène illustre la vie quotidienne du Moyen Age chez les gens aisés.
La grande baignoire de bois est surmontée d’un dais doublé pour retenir la chaleur de l’eau. La cuve, ouvrage d’un habile tonnelier, est conçue de telle manière que l’on peut y grimper plus facilement d’un côté. Sa découpe permet aussi d’approcher une table pour que les baigneurs puissent y déjeuner à leur aise.


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Figure VII - La fontaine de Jouvence (ca 1440)
Bibliotéca estense, Modène


"La Fontaine de Jouvence doit préserver la jeunesse de quiconque boit son eau. La légende trouve peut-être son origine dans le récit de la source qui surgit au pied de l'arbre de connaissance, décrite dans la Bible. Le sujet est souvent représenté, notamment parce que la beauté des jeunes filles est alors un idéal très prisé".

Les seigneurs, eux, ont plutôt leur cuvier dans leur château.


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Figure VIII - La sortie du bain

Tirée du manuscrit de Valère Maxime, "Faits et dits mémorables".
Réalisée en Flandres, vers 1455.
Référence : GOUSSET (M.-Th.), "Enluminures. La vie au Moyen Age", coll. Mémoires et merveilles de la BnF


À la fin du XVe siècle les procès se multiplient, le voisinage supporte de plus en plus mal les étuves. Elles finiront par disparaître et, au cours des siècles suivant, l'hygiène corporelle n'aura plus la même importance.

On parle des bains mais il ne faut pas oublier les latrines…

Les latrines
À la campagne la nature offre son espace, ses champs, ses bosquets, ses ruisseaux.
En ville des latrines publiques sont aménagées sur les rivières et les fossés. Ce sont de simples planches percées installées sur des rondins. Dans les demeures privées c'est souvent le pot de chambre qui est utilisé et ensuite il est vidé dans la rue.


[Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines 598860Potdechambre
Figure IX - Vidage du pot de chambre

Au XVe siècle on mentionne une "chambre de retrait" avec planche et un tuyau en terre cuite qui va jusqu'à une fosse ou un égout.


[Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines 69428011WC
Figure X - "Chambre de retrait"

Dans les châteaux, les latrines sont plus élaborées et à l'abri des regards.

[Article] L'hygiène au Moyen Âge (1) - Les bains – Les latrines 442252Lattrines
Figure XI - Latrines de château

Les premiers papiers toilettes ont été fabriqués en Chine au XIVe siècle mais leur usage était strictement réservé à l’empereur.

Vers 1450, Bordeaux compte, avec la fontaine Bouquière, six fontaines : la Font d’Audège, la Font Jouyn, la Font Pey Berland et la Font de Trompette et une fontaine située près de l’ancienne chapelle Sainte-Catherine.
A Bordeaux, depuis fort longtemps, les citadins ont coutume de se baigner dans les eaux de la Garonne, du Peugue et de la Devèze.

Ralas


[hrp]
(1)Avicenne (980-1037), médecin et philosophe perse, auteur du Canon de la médecine
(2)Barthélemy l'Anglais ou Bartholomeus Anglicus, est un frère franciscain anglais du XIIIe siècle. Il fut un des premiers encyclopédistes avec son Livre des propriétés des choses (en latin, Liber de proprietatibus rerum) écrit entre 1230 et 1240.
(3)http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-110190 et http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-110190
(4)Bordiau(s), bordiau(x), bordel(s)
(5)http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/2006/sciences-et-techniques/le-regime-du-corps-d-aldebrandin-de-sienne
(6)http://fr.wikipedia.org/wiki/Barth%C3%A9lemy_l%27Anglais
(7)Saponaire – voir : http://fr.ekopedia.org/Saponaire
(8)Bourbon = Bourbon-l'Archambault : Duché du Boubonnais-Auvergne - http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourbon-l'Archambault
(9)http://books.google.fr/books/download/Le_roman_de_Flamenca.pdf
(10)http://www.bing.com/search?q=Froissart&go=&qs=n&sk=&sc=8-9&form=QBRE

[/hrp]
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